Lors de son discours de politique général, le 31 janvier 2024, le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué la semaine en 4 jours, amenant la question sous les feux de la rampe. Un modèle qui permettrait aux salariés de mieux équilibrer leurs vies personnelle et professionnelle, présentant néanmoins quelques difficultés. La semaine en 4 jours, de quoi s’agit-il exactement ? Et quel rôle les CSE ont-ils à jouer ?

Comment est née la réflexion en France ?


Le Premier ministre Gabriel Attal a mis la semaine en 4 jours au cœur du débat public. Dans son discours de politique générale, il a rappelé sa décision d’expérimenter le modèle au sein de son administration lorsqu’il était ministre des Comptes Publics.

Cette réflexion a été portée par Hervé Papin, Secrétaire général de la fédération UNSA Finances. Partant d’un cas existant, des agents ont vu fermer leur site de travail, les obligeant à aller travailler sur un autre site, avec plus de distance entre leur domicile et leur travail. Le changement du lieu de travail a donc impacté directement le temps de trajet domicile - travail, qui a donc été rallongé. Ainsi la réflexion a émergé : faire plus d’heures par jour au travail et ne venir que 4 jours par semaine.

Les interrogations autour de cette question ont émergé en France en même temps qu’ailleurs en Europe : au Royaume-Uni, en Belgique ou en Espagne. Hervé Papin et son équipe ont transmis leurs propositions à Gabriel Attal qui a validé l’expérimentation au sein de son ministère de l’époque, les Comptes Publics, et a poursuivi son engagement lorsqu’il est devenu Premier ministre.

En France, la conversation concerne davantage la semaine en quatre jours, que la semaine de quatre jours - dont le modèle est testé au Royaume-Uni par exemple. Mais quelle est la différence entre ces deux modèles ?




Semaine en 4 jours ou de 4 jours : quelle différence ?


Dans les deux cas, il s’agit de ne travailler que 4 jours par semaine au lieu de 5 :

  • La semaine DE 4 jours consiste à travailler une journée de moins, avec une réduction du temps de travail de 35h à 32h hebdomadaires.
  • La semaine EN 4 jours quant à elle n’inclut pas de réduction du temps de travail hebdomadaire : il s’agit de travailler 35 heures en 4 jours.

 

Cependant, il est tout de même possible dans le cas de la semaine de 4 jours de conserver le modèle 35 heures. La semaine en 4 jours quant à elle peut aussi fonctionner sur la base d’une semaine de 39 heures, mais des questions autour de la fatigue au travail se posent.

C’est donc la semaine en 4 jours qui est privilégiée en France. Ce modèle doit permettre aux salariés d’organiser leur vie selon l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle qui leur convient. Il doit permettre de réduire le nombre de trajets : un salarié qui a plus de distance à parcourir peut ainsi préférer faire des journées plus longues et avoir un jour de repos supplémentaire.

Ce modèle peut donc soutenir la transition énergétique en permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il permet aussi aux salariés de réaliser des économies d’essence, et éventuellement aux entreprises de faire des économies sur leurs locaux.

SolutionsCSE - Article du Mag'CSE sur la semaine de 4 jours


Pourquoi le modèle en 4 jours est-il favorisé en France ?

 

Bon à savoir :

Au Royaume-Uni, la semaine de 4 jours est en cours d’expérience depuis juin 2022. Sur les 70 entreprises participantes, 100% des patrons interrogés déclarent des effets positifs et 89% des entreprises continuent d’appliquer ce modèle aujourd’hui.

 

Ce modèle outre-Manche consiste en une réduction à 33 heures travaillées par semaine.

Les retours sont positifs :

  • le chiffre d’affaires se maintient voire augmente,
  • 50% des entreprises ont noté une réduction du turn-over depuis 2 ans,
  • 30% d’entre d’elles disent recruter plus facilement.

 

Alors, pourquoi opter plutôt pour la semaine en 4 jours en France ? Le changement du nombre de jours travaillé par semaine est structurel. Certains régimes indemnitaires sont basés sur 5 jours travaillés par semaine. Par exemple, l’attribution des tickets restaurant est à interroger : faut-il réduire leur nombre, bien qu’il y ait moins de jours en présentiel ?

Les accords collectifs et les accords de branche professionnelle sont à prendre en considération, pour faire évoluer le format de la semaine de travail. Dans ce contexte, il est davantage aisé de conduire la réflexion autour de la semaine en 4 jours, au moins dans un premier temps. Certaines entreprises sont cependant plus flexibles et moins soumises à la législation en fonction de la branche professionnelle.

Pour les CSE, la réflexion autour de cette semaine de travail raccourcie doit s’inscrire dans le cadre légal et réglementaire qui s’applique à la branche de l’entreprise.


Quel est le rôle des CSE pour mettre en place la semaine en 4 jours ?


Quels sont les avantages et les inconvénients de la semaine en 4 jours ?


Les Français plébiscitent la semaine en 4 jours : d’après un sondage Odoxa pour BFMBusiness, 41% des Français se disent prêts à travailler 4 jours par semaine au lieu de 5 sans réduire leur durée hebdomadaire de travail.

Le modèle séduit pour les avantages qu’il présente, particulièrement chez les nouvelles générations. Il permet d’organiser son équilibre vie personnelle / vie professionnelle à sa convenance et de profiter d’un temps plus long de repos et mener une activité parallèle (un hobby ou une seconde activité professionnelle par exemple). Ceci aurait des conséquences positives sur la santé mentale des travailleurs, et aussi sur leur santé physique.

Cependant, la semaine en 4 jours présente des risques, notamment des journées plus fatigantes. Particulièrement pour les parents, qui doivent gérer vie professionnelle et vie de famille, et devraient s’organiser pour la garde d’enfant. Parmi les risques envisagés, ce modèle pourrait augmenter l’absentéisme et burn-out. Puisque les salariés travaillent de moins en moins en semaine tous ensemble, on pointe aussi le potentiel délitement du lien social et la baisse de la performance collective.

 




Comment le CSE peut soutenir la semaine en 4 jours ?


Le rôle du CSE est avant tout de créer un espace de dialogue social sur cette question. Il peut sonder les salariés pour identifier leurs envies et leurs besoins. La consultation des salariés sur cette question est la première étape et elle est obligatoire. Pendant cette période de consultation, le CSE peut identifier les motivations des salariés à accepter ce type d’accord.

Le CSE doit accompagner les discussions et participer à poser le cadre en termes de conditions de travail, de santé et de sécurité. Il doit également identifier clairement les motivations de l’entreprise : si la demande pour mettre en place la semaine en 4 jours émane de la direction, quels sont les effets recherchés ? Le bien-être des salariés est-il la priorité ?

Le CSE participe à négocier les accords, puis surveille la santé des salariés qui tentent l’expérience. La formation SSCT obligatoire doit permettre aux élus de rester vigilants sur la charge que représente une journée de travail plus longue sur la santé physique et mentale des travailleurs.

La semaine en 4 jours, comme le rappelle Hervé Papin, doit d’abord faire l’objet d’une expérimentation. Il faut travailler sur le cadre de l’expérimentation, puis recevoir le retour des salariés, de l’entreprise, mais aussi du médecin du travail, ou d’autres instances. Ensuite seulement le modèle peut être pérennisé ou non. Le modèle ne peut pas s’adresser à tout le monde : il doit être mis en place sur la base du volontariat et doit être réversible.

 

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À retenir


L'initiative française de la semaine en 4 jours, promue par le Premier ministre Gabriel Attal et soutenue par Hervé Papin de l'UNSA Finances, vise à réorganiser le temps de travail sur un module de 35 heures travaillées par semaine, pour mieux équilibrer vie professionnelle et personnelle. Les Comités sociaux et économiques jouent un rôle crucial dans l'adaptation et l'évaluation de cette réforme, en se concentrant sur le bien-être des employés. Malgré ses bénéfices potentiels sur l'équilibre vie privée/vie professionnelle et la santé mentale, le modèle soulève des inquiétudes concernant la fatigue et l'impact sur le lien social et la performance collective. Sa mise en œuvre nécessite une approche expérimentale, volontaire et réversible.

 
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